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Rubrique Cycle III

La saga des dictées .......... tome 6

Le 27 mai 2009 - Alain S
Réussir une dictée
Essayons d’avoir un aperçu du travail mental demandé chaque jour à l’enfant et cela tout au long de sa scolarité.

Pour l’illustrer, prenons la dictée qui est un exercice des plus complexes parce que, si l’enfant veut écrire sans faute, il doit successivement faire marcher tous les mécanismes de sa pensée : attention, compréhension, réflexion…

Que se passe-t-il dans la tête d’un enfant au cours d’une dictée ?

Imaginons un professeur dictant à ses élèves la phrase suivante :
“ Les éléphants suivent un chemin qui serpente dans la savane. ”

Un des enfants n’est pas concentré. Il pense à sa cousine qui est allée en Afrique. Il voit dans sa tête l’image de sa cousine. Comment pourrait-il écrire correctement ? Il voit vaguement les éléphants, il ne voit guère mieux le mot éléphant.
Problème de concentration

Un autre n’a jamais mémorisé le mot éléphant. Et le fait de l’avoir lu plusieurs fois ne change rien à l’affaire. Il sait qu’il y a un h dans le mot, mais où ?
Problème de mémorisation

Un enfant imagine les éléphants. Mais comment pourrait-il écrire sans faute le mot éléphant, alors que sa pensée est remplie d’éléphants et seulement d’eux. Il ne voit pas écrit le mot éléphant. Sa pensée n’est pas adaptée à la tâche, il n’a pas traduit, dans le but de l’écrire, le mot que disait le professeur, il ne l’a pas traduit avec des lettres.
Pensée inadaptée

Un troisième ne retranscrit pas le sens. Il écrit des sons. Et il peut écrire des choses extravagantes : ” zélé ” ” fan ” ou ” serpent ” ” te “. Un quatrième, lui, écrit correctement les mots, mais il les écrit l’un à côté de l’autre. Il place, côte à côte, des bouts de sens :
( éléphants, chemin, serpents) Il ne passe pas par la compréhension du texte. Si vous lui demandez : Qui serpente dans la savane ? Il hésite et peut tout aussi bien répondre ” les éléphants ” ou ” le chemin ” . Comment pourrait-il écrire la terminaison de ” serpente ” correctement puisqu’il ne connaît même pas le sujet de ce verbe.
Problème de compréhension

Un enfant est en attente du miracle. Il attend que les fautes lui sautent aux yeux. Il n’a pas de stratégie. Il écrit et relit un peu au hasard. C’est pour cette raison que s’il écrit correctement la terminaison du verbe serpente, il se pourrait qu’il fasse une faute si la phrase lui était dictée un autre jour : il ne tient pas compte de ses fautes passées, elles ne lui servent pas à progresser.
Pas de correction d’erreurs

Il n’a pas repéré les déclencheurs qui doivent l’arrêter et l’amener à réfléchir, les déclencheurs tels les articles ” un , les.. “, le verbe dont il faut rechercher le sujet, bref les mots qui doivent l’avertir qu’il lui faut réfléchir.
Défaut de stratégie

Près de lui, un enfant s’arrête à ces mots-déclencheurs. Il lui arrive même de connaître parfaitement les règles de grammaire dont il a besoin. Mais comment appliquer ces règles ? Comment réfléchir ? Il sait qu’il faut s’arrêter à chaque verbe et chercher son sujet. Mais comment chercher le sujet du verbe serpente ?
Problème de réflexion

Un enfant se croit nul et ils sont nombreux à être dans ce cas. Il a le souvenir de toutes les dictées où, malgré ses efforts, il a fait des fautes, beaucoup de fautes. Il sait qu’il n’est pas bon en dictée. Et ce ne sont pas seulement les fautes qui le prouvent, mais aussi ce que ses parents lui ont dit : « Tu es mauvais en orthographe ” ou encore ” Tu es comme moi, j’avais toujours des zéros en dictée.”
Alors malgré la volonté consciente de l’enfant, malgré son désir de ” faire bien “, une petite voix entendue tout bas le persuade qu’il n’y arrivera pas et… il n’y arrive pas. Sa dictée est pleine de fautes.
stress, fausses croyances

Nous voulons terminer en nous attardant un peu sur ces enfants en difficulté scolaire parce qu’ils ne croient pas assez fort qu’ils peuvent réussir, parce qu’on ne croit pas assez fort en eux.
Il suffit parfois d’un peu plus d’intérêt, non pour le fait qu’ils aient réussi ou non, que pour le plaisir qu’ils ont eu, ce qu’il ont pensé, la façon dont ils sont parvenus à faire quelque chose, même si cette façon n’est pas la nôtre. Et cet intérêt change tout à l’affaire.

C’est fou ce que les enfants peuvent apprendre et nous apprendre quand dans leur tête ils se sentent libres et que nous les écoutons.


La saga des dictées :

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